Les hôteliers face à des taux de réservations décevants pour les Jeux olympiques

À l'approche de l’évènement, les professionnels de l'hôtellerie-restauration constatent des chiffres en-deça des attentes à Paris, alors que les prévisions étaient optimistes. Plusieurs facteurs expliquent cette situation, notamment la concurrence accrue des meublés touristiques qui, eux non plus, ne trouvent pas preneurs.

Publié le 05 juin 2024 à 08:15

 

La fréquentation sera-t-elle au rendez-vous dans les hôtels pour les Jeux olympiques ? À deux mois de l’événement, les professionnels se disent déçus du taux d’occupation de leurs établissements, qui s’affiche bien en-deça des prévisions annoncées l’année dernière. En effet, Airbnb avait alerté il y a un an sur le manque de logements disponibles pour les Jeux à Paris, incitant de nombreux propriétaires à mettre leur logement en location. Ils ont été 40 % de plus à le faire qu’en temps normal ; cependant, tous n’ont pas réussi à louer leur bien.

Et dans les hôtels, les établissements sont également loin d’afficher complet. Le taux d’occupation moyen atteint à peine 60 % à Paris, incluant les hôtels accueillant des délégations, qui sont intégralement réservés. En comparaison, Londres avait atteint un TO moyen de 72 % à la fin des JO de 2012. Contrairement aux loueurs Airbnb, qui baissent le prix des locations, “les tarifs sont désormais stabilisés pour le secteur", explique Fabienne Ardouin, vice-présidente du syndicat professionnel GHR. 

Des villes comme Lille affichent un meilleur taux d’occupation. “C’est sûrement la grande gagnante de ces JO. Lille bénéficie d’une réelle visibilité grâce aux épreuves qui s’y déroulent. Même chose pour Versailles, proche de Paris”, ajoute Fabienne Ardouin. Les visiteurs prolongent leur séjour dans ces villes situées à moins de deux heures de Paris, comme en témoigne la durée moyenne de réservation de 3,5 jours à Versailles. Pour Paris, "globalement, les établissements proches des métros et de l’accès aux épreuves affichent des bons taux d’occupation à ce jour”, poursuit la vice-présidente.

 

 

Un pic de réservations attendu

Pour Véronique Siegel, présidente de la branche Umih hôtellerie, au-delà de la puissance négative de la communication des plateformes de location pour le secteur, “une partie de la demande a été freinée par le ‘JO bashing’”. Et d'insister : “Le marché n’avait pas besoin de ça”. De plus, la majorité des billets ont été vendus à des Français (70 %), dont 60 % de Franciliens, ce qui réduit le besoin en hébergements.

Véronique Siegel reste positive : "Il peut y avoir encore un pic de réservation". Même discours au GHR, qui se veut rassurant : "Des billets sont remis en vente chaque semaine et certains retardataires n’ont pas encore réservé de logement. Les professionnels ne doivent pas céder à la panique si toutes leurs chambres ne sont pas louées." 

C’est en tout cas ce qu’affirme une étude Harris Interactive pour Booking portant sur les intentions des Français en matière de logements et de séjour pour la période du 26 juillet au 8 septembre prochains. À deux mois des Jeux, presque la moitié (45 %) des Français non-franciliens qui comptent assister aux compétitions en Île-de-France n’ont pas encore réservé leur logement. Ce chiffre monte à 48 % pour ceux qui se rendent dans d’autres villes.

De plus, toujours selon cette étude, deux-tiers (65 %) des voyageurs non-Franciliens qui vont opter pour un logement payant comptent faire le choix d’un hôtel. Pour plus de la moitié de ces voyageurs (56 %), ces événements sportifs seront également l’occasion idéale de découvrir Paris et les autres villes hôtes. Ils envisagent à 52 % un séjour d’une ou de deux nuits, et à 26 % d’au moins quatre nuits.

 

Miser sur la visibilité pour les deux à trois ans à venir 

Les deux syndicats insistent sur les retombées positives à venir. "L’objectif est que tout se passe bien, pour donner de la visibilité à Paris-Île-de-France et aux villes françaises, afin de capitaliser sur cette notoriété dans les années à venir”, insiste Fabienne Ardouin.

Les restaurateurs parisiens font face à des défis différents. Si la mobilité est assurée, notamment pour les salariés et les clients, les établissements de type café seront plus impactés par les contraintes de déplacements (génération de QR codes) qui empêcheront les visiteurs de s’arrêter par hasard dans un café. Certains établissements, comme ceux situés sur l’île de la Cité, devront fermer par arrêté préfectoral. Les syndicats demandent de la transparence sur les méthodes de calcul pour l’indemnisation qui en découlera. Autre défi de taille : le recrutement. Les restaurateurs sont nombreux à se plaindre de ne pas réussir à recruter pour cette période. Il reste deux mois pour se préparer pour faire de ces jeux une fête et laisser une bonne image de la France à international.

 


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Publié par Romy CARRERE



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