Ils font revivre des établissements de villages ou de petites villes

Dans les petites villes, les hôtels-restaurants peinent à trouver des repreneurs. Pourtant, ces professionnels n’ont pas hésité à faire le grand saut, attirés par la qualité de vie, l’authenticité d’un lieu ou ses perspectives de développement. Témoignages.

Publié le 15 janvier 2025 à 10:30

Après avoir tiré le rideau pendant deux ans, l’hôtel-restaurant de la Gare vient de rouvrir ses portes à Commequiers, une commune vendéenne de 3 600 habitants. Jordan Mornet, Hervé de Chaurand et Sébastien Nicolas, issus de la restauration, ont décidé de faire renaître l’institution, tenue pendant soixante-dix ans par la même famille. “Les Pineau ont vendu il y a quatre ans à un repreneur, qui a fait faillite en 2022 : il avait pris le parti de moderniser l’offre. Nous, on fait le contraire. On touche le moins possible à la décoration, et on remet au menu les plats qui ont fait la renommée de l’établissement : la terrine maison à discrétion, l’anguille, les cuisses de grenouille… Pour nous, les auberges, c’est un patrimoine à garder. Travailler ici, dans l’arrière-pays vendéen, à 15 km des plages, c’est aussi s’offrir une vraie qualité de vie”, partage Hervé de Chaurand.

Depuis sa réouverture en septembre dernier, le restaurant fait carton plein. “On a eu le soutien immédiat des collectivités locales. Un restaurant de cette notoriété dans une petite ville, c’est un catalyseur social et un gage de dynamisme”, assure le chef qui ne manque pas de projets. Il ouvrira l’été prochain une guinguette extérieure, “pour accentuer l’offre bistrot qui n’existe pas aujourd’hui”, et recréera une offre hôtelière saisonnière à destination des touristes, à l’horizon 2026.

 

Stratégie de transmission

Alain Bekaert a lui aussi ciblé un hôtel-restaurant en liquidation, à Saint-Privat (Corrèze). L’hôtelier repère immédiatement le potentiel de l’établissement avec ses 28 chambres, un restaurant d’une centaine de couverts, un bar, une grande salle de séminaire, une piscine et un spa. L’été dernier, il rachète aux enchères le fonds de commerce, puis les murs, et fait quelques menus travaux de décoration. “Au Logis Hôtel de la Xaintrie, on va relancer le commercial correctement, viser la clientèle VRP et les groupes de touristes. Côté restauration, on propose des menus ouvriers à midi, et des soirées à thème pour inciter les gens du village à venir”, note-t-il. L’hôtelier compte désormais deux établissements, situés à une heure de distance : “Il y a quelques années, j’ai souhaité vendre mon établissement, mais c’était compliqué. Finalement, j’ai préféré une transmission avec ce rachat, et mon fils qui rentre dans l’entreprise”, confie-t-il.

 

Un bouillon pour se démarquer

De leur côté, Carine et Philippe Bednarek ont repris en mai 2018 un ancien relais de poste à Magland, en Haute-Savoie, à 30 minutes de la station de Flaine. Un nouveau défi. “Carine était comptable pour un groupe de champagne qui avait des hôtels, et moi, j’étais consultant en CHR. On voulait reprendre un établissement aux normes, avec du caractère, pas dans une grande ville, pas de chaîne, et auquel on pouvait redonner du dynamisme”, expliquent-ils. Le Relais du Mont-Blanc coche toutes les cases : “Toute la décoration, la literie, les équipements de cuisine étaient à refaire, l’activité était décroissante, l’hôtel était ouvert 200 jours par an et la restauration n’était plus ouverte à la clientèle extérieure”, poursuivent-ils. Aujourd’hui, l’hôtel 3 étoiles affiche 70 % de taux d’occupation. Quant au restaurant, il s’est mué en bouillon afin de se démarquer des brasseries des alentours. “On fait 80 à 100 couverts par jour avec une clientèle plus large : retraités, touristes, ouvriers… On a des prix très abordables – un ticket moyen de 25 €, boissons comprises, midi et soir – grâce au changement de notre politique d’achat : les produits locaux viennent en direct des producteurs, soit une économie de 30 %”, soulignent-ils.

 

Développer l’événementiel

L’hôtel-restaurant du Kastell Dinec’h à Minihy-Tréguier (Côtes-d’Armor) a lui aussi changé de mains, au printemps 2024. Une reconversion pour Bérangère et Yves Baeckeroot, précédemment entrepreneuse dans le domaine du mariage et de l’événementiel et directeur commercial. Le couple complémentaire a voulu faire de ce 3 étoiles de seize chambres un hôtel à l’“esprit maison d’hôtes”. Après des travaux de rénovation et d’embellissement, le duo a rejoint le réseau Logis Hôtels – “une évidence pour la qualité de son accueil”. D’ici un an, il devrait proposer une salle de 100 m² pour accueillir des mariages, des anniversaires ou des séminaires, après avoir constaté un “manque de lieux dédiés à l’événementiel dans le secteur”. Une façon judicieuse de lisser l’activité sur l’année et de gagner en visibilité prévisionnelle. Quant au prêt bancaire, “c’est possible, même dans le contexte actuel, jugent les Baeckeroot. Il ne faut pas hésiter à présenter son projet à plusieurs banques, et à construire son business plan avec elles”.


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Publié par Violaine BRISSART



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